Les « dark stores » accélèrent la logistique des supermarchés en ligne
Les dark stores ou « magasins noirs » sont une réponse des magasins en ligne (supermarchés généralement) aux nouvelles tendances de consommation. En ce sens, les e-commerces ont développé un nouveau modèle d’entrepôt : les dark stores. Ce sont des installations ayant l’apparence d’un magasin physique mais destinées à la préparation des commandes, où les clients sont remplacés par des opérateurs.
Le cabinet de conseil spécialisé dans le retail alimentaire IGD met en avant dans une étude le développement de l’e-grocery entre 2018 et 2023. En effet, le secteur connaîtra une croissance annuelle de 20,4 % au cours de cette période, atteignant une valeur commerciale totale d'environ 375 milliards de dollars dans les dix pays où les supermarchés en ligne détiennent la plus grande part de marché. Dans ce classement, où la Chine est en tête suivie par les États-Unis, sont présents quatre pays européens : le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et l'Espagne.
Que sont les « dark stores » et quelle est leur origine ?
Les dark stores sont des centres de distribution et de préparation des commandes e-commerce, notamment dans le secteur de l'épicerie en ligne ou e-grocery. Ces entrepôts sont généralement situés autour des grands noyaux urbains, afin de mieux répondre aux problématiques logistiques du e-commerce. La principale caractéristique de ces établissements est leur apparence de supermarché classique avec ses rayons, mais avec des opérateurs à la place des clients.
Bien que la plupart des supermarchés continuent de préparer les commandes passées en ligne dans leur magasin, la livraison en 24 heures et les nouvelles tendances de consommation, de plus en plus orientées sur le web, ont contraint les entreprises de ce secteur à se réinventer pour offrir un service agile et efficace. Bien que cette tendance soit née entièrement en liaison à l’e-grocery, elle s’est progressivement étendue à d’autres secteurs du retail.
Mais comment fonctionnent les dark stores ? Après réception des commandes, les instructions sont envoyées aux opérateurs du site (appelés personal shoppers ou pickers), et parcourent le supermarché munis d’une tablette et d’un chariot de picking.
L’entrepôt est piloté par un logiciel de gestion d’entrepôt (WMS) qui génère automatiquement les itinéraires des opérateurs pour optimiser leurs trajets.
Il convient de signaler à ce point la différence entre dark store et dark warehouse, souvent confondus. Un dark warehouse est une installation dépourvue d'éclairage (et donc sans opérateurs) dont le fonctionnement est automatisé. Il s’agit d’une solution courante pour les entrepôts nécessitant des conditions environnementales spéciales.
Quels sont les avantages des « dark stores » ?
Ce type d'installation présente de grands avantages pour les supermarchés :
- Gestion efficace du dernier kilomètre logistique : ces entrepôts sont une réponse efficace à la gestion du dernier kilomètre, l’étape la plus coûteuse de la logistique 4.0, car ils facilitent la livraison des produits depuis un centre de distribution proche du client final.
- Opérations de picking plus efficaces : les opérateurs sont guidés par les instructions du logiciel de gestion d'entrepôt, pour une préparation des commandes sans erreur. Le picking est aussi optimisé, car ces établissements intègrent généralement de multiples éléments automatiques tels que le pick-to-light.
- Opérations 24 h sur 24, 7 jours sur 7 : même si ces entrepôts ressemblent à un magasin ou à un supermarché, ils ne fonctionnent pas suivant des horaires commerciaux, ce qui permet de mettre en place plusieurs équipes améliorant ainsi la productivité.
Tout cela se traduit par un service de meilleure qualité et donc par une plus grande satisfaction du client.
De Carrefour à Mercadona : le pari des « dark stores »
Les dark stores se sont développés en Europe et aux États-Unis au cours des dernières années : Carrefour, Amazon ou, plus récemment, Mercadona (en Espagne) ont déjà opté pour ce type d’établissements.
Mercadona, par exemple, a fait confiance à Mecalux, en investissant plus de 12 millions d’euros en 2018 pour la création d’un dark store dédié à la préparation et distribution des commandes passées en ligne. Cet entrepôt occupe plus de 13 000 m2 et est équipé de plus de 300 modules de rayonnages pour picking, dans lesquels sont stockés les différentes gammes de produits commercialisées par le supermarché : épicerie, produits frais et surgelés. Selon les chiffres fournis par l’entreprise, ce magasin-entrepôt multiplie la productivité et l’efficacité par quatre par rapport à l’ancien système de préparation des commandes.
Aussi, certaines entreprises alimentaires se sont associées à d’autres spécialisées dans le e-commerce, sur des marchés où leur réseau logistique était limité. C’est le cas de Carrefour, qui s’est associé à la start-up colombienne de livraisons à domicile Rappi pour ouvrir des dark stores au Brésil.
La réponse à l’omnicanalité
La croissance des supermarchés en ligne dans le monde est évidente. De cette manière, les nouvelles tendances de consommation forcent les entreprises, notamment dans le secteur du retail, à innover pour rester compétitives.
Face au défi de l’omnicanalité, les dark stores s’imposent comme l’une des meilleures solutions dans le e-commerce pour optimiser la préparation des commandes et gérer efficacement le dernier kilomètre logistique, l’une des étapes les plus complexes de la supply chain.
Ce modèle, qui se développe déjà dans d’autres secteurs que l’e-grocery, répondra à l’augmentation des commandes en ligne.